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Tchad  

Présidentielle au Tchad : Succès Masra, réel opposant ou allié du pouvoir ?

 Tchad : Mahamat Idriss Déby annonce sa candidature à la présidentielle du 6 mai  

Sans surprise, le président de la transition Mahamat Idriss Déby a annoncé samedi être candidat à la présidentielle du 6 mai au Tchad. Le jeune général avait été proclamé par l'armée président de transition en avril 2021, à l'annonce de la mort de son père, le maréchal Idriss Déby Itno.

Mahamat Idriss Deby lève la main droite lors de sa prestation de serment en tant que président de transition du Tchad, à N'Djamena, le 10 octobre 2022.

Mahamat Idriss Deby lors de sa prestation de serment en tant que président de transition du Tchad, à N'Djamena, le 10 octobre 2022. © Denis Sassou Gueipeur, AFP (archives)
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Le président de transition tchadien, le général Mahamat Idriss Déby, a annoncé samedi 2 mars qu'il sera candidat à l'élection présidentielle prévue le 6 mai.

"Moi, Mahamat Idriss Déby Itno, je suis candidat à l'élection présidentielle de 2024 sous la bannière de la coalition de partis Pour un Tchad Uni", a-t-il déclaré dans un discours, après que 221 mouvements revendiqués par cette coalition lui ont demandé de se présenter.

Cette annonce intervient trois jours après que l'armée a tué le principal rival de Mahamat Idriss Déby, Yaya Dillo Djerou – un "assassinat" selon l'opposition.

Le 20 avril 2021, Mahamat Idriss Déby, alors jeune général de 37 ans, avait été proclamé par l'armée président de transition, à l'annonce de la mort de son père, le maréchal Idriss Déby Itno. Le patriarche dirigeait alors d'une main de fer ce vaste pays sahélien depuis plus de trente ans.

Mahamat Idriss Déby promettait aussitôt de rendre le pouvoir aux civils par des élections après une transition de 18 mois mais, ce terme échu, il l'avait prolongée de deux ans. 

"Succession dynastique"

L'opposition dénonçait une "succession dynastique" des Déby dans ce vaste État sahélien d'Afrique centrale, deuxième pays le moins développé au monde selon l'ONU.

La date du premier tour de la présidentielle, le 6 mai, a été annoncée mardi seulement, un peu plus de deux mois avant le scrutin, qui s'annonce prometteur pour le général Déby, bientôt 40 ans, en l'absence de rival sérieux dans une opposition muselée ou violemment réprimée.

Mercredi, l'accusant d'avoir fomenté une "tentative d'assassinat" du président de la Cour suprême dix jours plus tôt et une attaque contre les tout-puissants services de renseignement la veille, l'armée a tué, dans l'assaut du siège de son Parti Socialiste sans Frontières (PSF), Yaya Dillo Djérou, cousin et principal rival du chef de l'État dans la course présidentielle.

Tchad : qui était l'opposant Yaya Dillo Djerou, tué par les forces de sécurité ? 

Tchad : qui était l'opposant Yaya Dillo Djerou, tué par les forces de sécurité ?

Au Tchad, le procureur a confirmé jeudi la mort de Yaya Dillo Djerou, opposant du régime tué par les forces de l’ordre lors d’un raid au siège de son parti. Cousin du président de la transition Mahamat Idriss Déby, cet ancien rebelle, devenu figure de proue de l’opposition, était considéré comme le principal rival de l’actuel dirigeant en vue de la présidentielle de 2024.

L'opposant Yaya Dillo lors d'une conférence de presse, le 30 avril 2021 à N'Djamena.
L'opposant Yaya Dillo lors d'une conférence de presse, le 30 avril 2021 à N'Djamena. © Issouf Sanogo, AFP

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La nouvelle a fait l’effet d’un tremblement de terre dans le paysage politique tchadien. Yaya Dillo Djerou, personnalité politique d’opposition, a perdu la vie, mercredi 28 février, tué par les forces de sécurité lors d’une opération au siège de son parti.

Selon le gouvernement, le président du PSF (Parti socialiste sans frontières) "n’a pas voulu se rendre et a tiré sur les forces de l’ordre" lors de cette opération de police. Les autorités accusaient Yaya Dillo Djerou d’avoir mené, la veille, une attaque meurtrière contre les locaux des services de renseignement, ce que ce dernier avait formellement démenti, ainsi que d’avoir fomenté une semaine plus tôt une "tentative d’assassinat" du président de l’Assemblée nationale. Ses partisans dénoncent quant à eux un assassinat politique à l'approche de la présidentielle.

France 24 retrace le parcours de cet ancien chef rebelle qui avait rallié le gouvernement sous la présidence d’Idriss Déby, avant de devenir l’un des plus virulents détracteurs du régime.

De la rébellion au gouvernement

Le conflit tragique entre Yaya Dillo Djerou et le régime tchadien est une histoire à la fois politique et familiale. Neveu du défunt dirigeant du Tchad Idriss Déby, il est issu de la même communauté, les Zaghawa, établis dans le nord-est du Tchad et l’ouest du Soudan.

Il se fait d’abord connaître en tant que chef rebelle, à la tête du Socle pour le changement, l’unité et la démocratie (Scud) créé en 2005, regroupant des déserteurs des forces armées et du gouvernement tchadien, qui prennent les armes contre le régime d’Idriss Déby.

En 2008, Yaya Dillo Djerou quitte la rébellion et intègre le gouvernement, à la faveur d’un accord avec le régime. Il y occupe successivement les postes de secrétaire d’État, ministre des Mines et de l’Énergie et conseiller à la présidence. De 2018 à 2020, il est représentant du Tchad à la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac).

Conflit ouvert avec le camp Déby

Au cours de l’année 2020, sa relation avec le pouvoir vire soudainement à l’orage. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux et devenue virale, Yaya Dillo Djerou accuse la première dame Hinda Déby Itno de conflit d’intérêts par le biais de sa Fondation Grand Cœur. Selon lui, cette structure empiète sur les prérogatives de plusieurs ministères, notamment dans le secteur de la santé, et il demande à ce qu’elle soit écartée de la gestion de la pandémie de Covid-19 qui frappe alors le pays.

La femme du chef de l’État dépose une plainte pour "diffamation et injures" à l’encontre de Yaya Dillo Djerou. Dans la foulée, ce dernier est suspendu par la Cemac pour "manque de neutralité et violation du droit de réserve", puis licencié.

Le 28 février 2021, les forces armées tchadiennes se rendent à son domicile. La tentative d’arrestation, après son refus de répondre aux convocations de la justice selon les autorités, tourne au bain de sang. Sa mère, son fils et plusieurs de ses sympathisants meurent par balles. Exfiltré de son domicile et caché par ses proches, Yaya Dillo Djerou dénonce dans les médias une tentative d’assassinat menée par le chef de l’État. Le gouvernement affirme que les forces de l’ordre se sont simplement défendues après avoir "essuyé des tirs", occasionnant plusieurs morts dans leurs rangs.

Cette effusion de violence à un mois de l’élection présidentielle suscite un tollé au Tchad. Plusieurs candidats se retirent et appellent au boycott. Le scrutin du 11 avril 2021 est néanmoins maintenu.